La bonne tenue d'un mouillage est toujours cause de souci. N'oubliez jamais que vous confiez votre bateau à cette ancre qui est au fond. Voilà pourquoi il convient de respecter quelques usages pour mouiller.
La longueur de la ligne de mouillage et celle de la coque correspondent au rayon du cercle d’évitage du bateau, dont la surface équivaut à sa zone d’encombrement. Un cercle ne croisant pas celui de vos voisins est une garantie absolue de tranquillité mais, compte tenu des grandes longueurs de ligne nécessaires pour mouiller en toute sécurité, il faut réserver beaucoup de place à chaque bateau. Et en période estivale, la courtoisie maritime, donnant la préférence au premier arrivant, a toutes les chances de ne pas être respectée… Si, comme c’est probable, le mouillage devient encombré, essayez plutôt de voisiner avec des unités similaires à la vôtre, car elles auront probablement un même comportement sur l’eau, dérive dans le courant, position dans le vent, etc., et un même tirant d’eau – un détail important dans une zone d’échouage, où il vaut mieux éviter de rapprocher des unités échouées avec celles encore à flot. Ne jamais oublier qu’un bateau au mouillage continue de naviguer et qu’il doit donc faire l’objet d’une surveillance constante. On se gardera de laisser un bateau au mouillage sans personne à bord, surtout sur des fonds difficiles ou avec une météo incertaine.
Mouiller oui mais où Capitaine ?
Le choix du site est primordial, car on ne mouille pas n’importe où, sauf en cas de situation d’urgence absolue. Cartes et guides nautiques vous y aideront, sans oublier la météo ; sur certains plans d’eau, les brises thermiques estivales peuvent grimper à un bon force 5 ou 6 qui rendra intenable le soir un mouillage idyllique le matin. Attention aussi au marnage des mers à marée, susceptible de modifier le relief local, passant de zone protégée du vent à marée basse à très exposée à marée haute, sans oublier les courants qui peuvent être forts et compliquer les manœuvres. En cas de doute ou de météo défavorable, il vaudra mieux s’abstenir et s’orienter vers un abri portuaire.
L’électronique peut être mise à contribution avant et pendant le mouillage. Dans la phase d’approche, le sondeur servira à mesurer la hauteur d’eau et donc la longueur de la ligne à mouiller, l’historique des échos permettant même d’apprécier la densité des fonds. Certains modèles ont d’ailleurs automatisé cette fonction, figurée sous forme d’icône de sable, gravier, rocher, algue…
Les alarmes basse et haute permettront de suivre l’évolution de la marée et d’ajuster en conséquence la longueur de la ligne. La précision actuelle du GPS des multifonctions a permis de développer une fonction de sécurité en fixant un cercle d’évitage virtuel et une alarme qui se déclenche en cas de dépassement. Des applications dédiées, Android ou iOS, reprennent le même principe de fonctionnement à l’aide d’une géo-barrière virtuelle, mais sur un simple smartphone..
Tenir compte de la hauteur d’eau, quelle longueur ?
D’innombrables pages ont été consacrées à l’art et à la manière de calculer la longueur optimale de la ligne de mouillage en fonction de la hauteur d’eau. Afin que l’angle d’attaque de la ligne sur la verge de l’ancre soit le plus faible possible, le consensus général recommande de mouiller au minimum une longueur de ligne de trois à quatre fois la hauteur d’eau. Lorsque les conditions se dégradent, six fois la hauteur d’eau ou plus n’ont rien d’excessif. Revers de la médaille, le cercle d’évitage augmente en proportion. Un détail à ne pas oublier dans un mouillage encombré et potentiellement venteux…
Publié par Jean-Yves Poirier
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